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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 23:07

 

J'innove un peu pour cette article. Suite à une journée pauvre en photo, je me suis dit "Pourquoi pas un récit ?". J'ai essayé de ne pas faire trop long et trop lourd, mais j'avoue que je n'ai pas l'habitude d'écrire ce genre de choses. Je m'excuse par avance des fautes d'orthographes, je sais que j'ai quelques lacunes et j'essaie de me soigner ...

Le but est d'essayer de vous faire revivre avec des mots une journée à la Grave, j'avais envie d'essayer ... J'espère que ça vous plaira...

 

Samedi 6 mars 2010

 

Hier soir, coup de téléphone de Pol. Nous nous mettons d’accord pour une journée à la Grave. Avec nous va venir se greffer Benoit, le troisième de l’équipe.

 

Le réveil sonne. J’aime me réveiller à 7h00, ni trop tôt, ni trop tard, pour profiter au maximum de la journée. Je regarde furtivement dehors. Il fait beau. Les montagnes que j’avais quittées  la veilledans les nuages sont maintenant plâtrées. La journée s’annonce bonne.

 

Une fois le petit déjeuné avalé, il est tant de ce préparer. C’est tout un rituel … Toujours les mêmes fringues, toujours dans le même ordre, remplir la gourde, préparer le sandwich et les grany. Je n’oublie pas le baudrier et les deux brins de cordes, ça pourrait servir selon les itinéraires du jour.

 

Le sac est prêt, les skis, les chaussures et les bâtons aussi. Dernier check up, je n’ai rien oublié. Ah, si ! Je cours encore derrière mon portefeuille qui se cachait dans une autre veste. Cette fois, c’est bon.

 

Le camion est chargé, il est 8h15. Je tourne les clefs et j’emprunte cette route familière, mais tellement unique. Il n’ya pas grand monde. Je double un car de touriste et après les kilomètres défilent.

 

Je me gare sur le parking du téléféérique. Il y’a du monde pour un jour de semaine !

Les locaux et les skis bums sont déjà en train de faire la queue pour monter. Pendant ce temps, les amateurs et les guides attendent l’ouverture de la caisse pour prendre leurs forfaits.

 

Nous entrons dans le téléphérique et après 15-20mn, nous arrivons à la gare intermédiaire. Tous le monde descend pour rejoindre le deuxième tronçon du téléphérique.

Nous nous  mettons d’accord pour aller faire la Voûte, un très bel itinéraire qui commence à 3500m pour finir plus de 2000m plus bas. Les 80m de cordes seront utiles.

Le petit train-train des bennes nous emmène à 3200m. Il nous faut encore rejoindre le téléski. Un  petit quart d’heure de marche, ski sur l’épaule, nous y amène.

Nous prenons chacun une perche et atteignons enfin 3500m d’altitude.

 

C’est parti. Nous prenons de la vitesse et traçons de grandes courbes sur le glacier. La neige est parfaite, à peine matée par le vent, froide, très rapide. Le grand bonheur, la sensation de tout dominer …

 

Nous rejoignons l’entrée de l’itinéraire. Il n’ya aucune trace. N’ayant pas l’habitude de le voir complètement vierge, je tergiverse un peu sur la route à suivre et je pars un peu trop à droite. Pol me rappel à l’ordre pour me remettre sur le bon chemin.

C’est bien là ! Le premier goulet s’ouvre immaculé devant nos yeux. Le rêve ! Il est avalé en grande courbe avec beaucoup de vitesse, les uns après les autres, sécu oblige. Grosse banane pour Pol, Ben et moi. Nous sommes proche du hold up parfait.

Nous rejoignons la zone du rappel par un court couloir et une traversée sur un petit dôme.

 

Nous déchaussons les skis pour les mettre sur le sac. Je sors les cordes et chacun prépare tout le petit matériel pour descendre en sécurité.

Je pars dégager le relais qui est couvert de neige. J’installe le matériel et descends Benoit tranquillement jusqu’à la plate forme où il pourra chausser. Pol descendra en rappel par ces propres moyens.

C'est à moi. Malgré que la technique du rappel soit quelque chose que je maitrise bien, il y’a toujours cette petite appréhension lorsqu’on se penche en arrière dans le vide. Au bout de quelques mètres, c’est oublié et j’arrive comme une fleur à la petite plate forme. Je chausse mes skis, tire et range la corde. La suite du couloir semble en bonne neige.

 

Benoit part devant. Il s’agit de la portion la plus raide de l’itinéraire. On s’approche des 40-45° sur quelques dizaines mètres puis la pente se radoucie franchement.

 

Malheureusement, la neige devient changeante. Et pour couronner le tout, d’anciennes avalanches occupent tout le couloir et il est obligatoire de skier par dessus ces vieilles boulettes de neige très dure, recouvertes par une fine couche de neige fraîche. C’est complètement infâme et ça brasse les cuisses...

Nous descendons au mieux cette horreur en zigzagant de part et d’autre du couloir. Nous arrivons enfin à des pentes en meilleur état et skiantes, ouf !

 

Nous rejoignons la route qui ramène au village avec un sentiment très partagé … Le haut était excellent, mais la dernière moitié était abject. C’est le jeu des itinéraires à la Grave, parfois on gagne, parfois on perd et parfois il y’a match nul.

 

Nous faisons du stop pour pouvoir revenir au téléphérique. Il est 12h00 lorsque nous reprenons les bennes.

Nous mangeons rapidement notre sandwich et parlons de la suite. L’itinéraire du pan de rideau nous apparaît comme le plus pertinent pour continuer la journée : Raide, à l’ombre et souvent à l’abri du vent.

 

Cet itinéraire est très spécial. Il commence par une traversée exposée au dessus d’une barre rocheuse pour arriver à une pente large et raide d’environ 50° sur une centaine de mètre. On poursuit par une pente débonnaire de 30-35° sur le glacier, au milieu des séracs et des crevasses, pour atterrir au milieu des vallons de la Meije. Tout un programme !

 

Le téléphérique nous amène pour la deuxième fois de la journée à 3200m vers 12h45. Là, nous ne retournons pas prendre le téléski, mais nous allons marcher en direction de la brèche qui signale le départ de l’itinéraire.

Les skis sont sur le sac et nous partons à pied en direction du Râteau, plus imposant que jamais. La trace n’est pas faite. Nous devons nous relayer pour ne pas perdre trop d’énergie pendant cette approche.

Cette monté nous prendra 45 minutes. 45 minutes pendant lesquelles il était impossible de ne pas penser à Mathieu … Bientôt 3 ans qu’il nous aura quittés. Lui qui adorait le pan de rideau et qui me l’aura fait découvrir, son sourire vissé sur les lèvres.

 

Nous arrivons à la brèche vers 13h40. C’est toujours une grosse ambiance au départ. Beaucoup de gaz et une fine trace mènent à la pente raide. Le vent assez violent et les minis spindrifts renforcent encore cette ambiance. J’hésite à me lancer. Une fois dedans, pas de demi-tour possible. L’étroitesse de la trace me laisse un peu perplexe. La zone pour chausser les skis est assez délicate.

 

Discussions avec Pol et Ben. Ben n’est pas inspiré par la traversée, il ne le sent pas et décide de redescendre par là où nous sommes montés à pieds.

Après de longues minutes d’hésitations, je décide d’aller à la zone de chaussage « pour voir », il est presque 14h00. Je chausse sans problème apparent et fais un signe de la tête « oui ! » à Pol, qui me suit sans hésiter.

Je pars dans la traversée, la concentration est maximale. Je progresse doucement et prudemment. Je m’aide des rochers à ma droite pour avancer. C’est délicat mais pas très dur. Encore quelques mètres facile et c’est bon. Je ne relâche pas ma concentration, ce n’est pas le moment.

Je suis arrivé au sommet de la pente raide. La neige semble excellente. Pol me rejoint, son piolet l’a bien aidé. Je devrai penser à en prendre un …

 

Je tourne mes yeux dans la pente raide. Oui, c’est vraiment raide ! Le premier virage est déclenché, la neige est un peu dur, mais accroche bien. J’enchaine quelques virages puis un petit instant de faiblesse me fait m’arrêter. Petite sensation de vertiges, les jambes un peu molles, fébrile … Etrange. Techniquement, il n’y a rien de difficile. Mais mentalement, c’est un peu plus dur ! Je dis à Pol que ça ne va pas fort. Lui, il enquille cette portion sans aucune difficulté.

Je prends un peu de temps pour me remettre, dérape un peu. Allé, c’est reparti. Je ré-enchaine les virages jusqu’à la rimaye. Elle est un peu bizarre … Je l’enchaine en prenant de la vitesse, suspectant le pont de neige.

Je prends pieds sur le glacier du Râteau, la neige est cartonnée … Dommage … Pol me rejoint en prenant le même chemin.

Nous donnons nos impressions sur la pente raide. On se dit que oui, c’est vraiment raide …

Nous prenons la direction de la belle pente du glacier. La neige est toujours cartonnée et j’ai les jambes un peu molles. Ça ne sera pas ma plus belle descente du pan de rideau. Je prends un peu de vitesse et fait des virages plutôt court. Je m’arrête au milieu de cette superbe pente. Regarde un peu Pol qui lutte aussi avec la neige. Allé, il ne faut pas rester là. Le sérac au dessus peut s’écrouler à tout moment.

Ça va un peu mieux, je continue en grande courbe avec plus de vitesse. La pente se raidit, je suis au dessus de la langue de glace qui permet de rejoindre le vallon de la Meije. Je mets les skis dans l’axe de la pente pour ne pas chasser la neige au dessus de la glace. J’arrive dans le vallon de la Meije avec beaucoup de vitesse jusqu’à une petite bute. Pol me rejoint quasiment dans le même temps, bien content de sa réalisation.

Il n’est pas loin de 15h00, nous pouvons reprendre le téléphérique à P1 pour rejoindre une dernière fois 3200m. Nous décidons de faire une halte chez Pascal, au restaurant d’altitude. Une part de tarte aux myrtilles et un chocolat chaud nous permettent de récupérer un peu d’influx.

 

Pour achever cette journée, nous choisissons une dernière descente tranquille dans le classique vallon de la Meije.

 

De retour au village à 17h00, nous faisons un saut au « MacOOmba », THE bar ultra kitch de la Grave pour boire une binouze et profiter des derniers rayons de soleil en terrasse. Nous refaisons une dernière fois la journée et parlons des prochains objectifs.

Il est 17H 30, le ciel s’assombrit. Nous sommes fatigués de la journée, nous pouvons aller nous coucher en paix.

 

C’était juste une nouvelle journée de ski …

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